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A l’image de Dieu (Bonaventure)

"Dieu en effet a fait toutes choses pour lui-même :

souveraine puis­sance et majesté,
il a fait toutes choses
pour sa gloire ;
souveraine lumière,
il a fait toutes choses
pour sa manifestation ;
souveraine bonté,
il a fait toutes choses
pour la communication de lui-même.

Or
il n’y a pas de gloire parfaite
s’il n’est quelqu’un pour la proclamer,
pas de manifestation parfaite
s’il n’est quelqu’un pour la comprendre,
pas de communication parfaite
s’il n’est quelqu’un pour en faire usage.

Et puisque
proclamer la gloire,
connaître la vérité,
recevoir des dons pour son usage
n’appartien­nent
qu’à la créature raisonnable,
il s’ensuit
que les créatures non-raisonnables
ne sont pas ordonnées à Dieu immédiatement,
mais seulement
par la médiation de la créature raisonnable.

Du fait que celle-ci,
est par nature capable
de proclamer la gloire,
d’avoir la connaissance
et d’assumer tout le reste au gré de sa volonté,
elle est par nature ordonnée à Dieu,
immédiatement.

En outre,
plus une chose est ordonnée à une autre,
plus elle lui est accordée
selon une convenance d’ordre :
Or
l’âme raisonnable,
et toute créature raisonnable, -
parce qu’elle est
"capable de Dieu et peut participer à lui"
(Augustin, De Trinitate XIV, 8, 11),
est ordonnée immédiatement à lui ;
elle est donc accordée à lui
selon le plus haut degré de la convenance d’ordre.

Et comme
la similitude est d’autant plus grande
que la convenance est plus grande,
la créature raisonnable est
similitude expressive,
et donc image".

Bonaventure : II Sent., d.16, a.l, q.l, resp. [II, 394 b-395 a]